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Chaque mois, nous choisissons un membre PRO qui s’illustre dans son domaine par la qualité de son travail. Ce mois-ci nous avons choisi Marilyn Préfontaine, rédactrice professionnelle et auteure. Voici donc une courte entrevue en cinq questions qu’elle nous a accordée. Marilyn, qui est aussi collaboratrice au blogue de Pige Québec, tenait à nous mentionner ceci afin de mettre la table à cette entrevue et nous expliquer ce qui l’a poussé à devenir travailleur autonome :

Je crois que j’ai toujours eu la fibre entrepreneuriale, déjà toute jeune je montais mes petites entreprises seule ou avec des amis. À la fin de mes études, je me suis dirigée sans réels questionnements vers un emploi, car ça semblait le chemin « normal » à suivre. Puis, au fil du temps et des changements de postes, je me suis rendu compte qu’il y avait des manques pour moi sur le marché du travail. De un, je n’écrivais pas assez et c’était ma réelle passion. Même comme journaliste en presse écrite, la portion de rédaction était bien infime par rapport à la couverture d’événements. De deux, une fois que j’étais à l’aise dans un poste, j’avais l’impression de tourner en rond et je ne trouvais pas de véritable sens à ce que je faisais. De trois, avec un emploi à temps plein, j’avais délaissé mes projets d’écriture (roman, théâtre, etc.), car un travail à temps plein en plus du trajet pour se rendre sans compter les tâches ménagères et responsabilités, ça épuise. Après avoir essayé différents postes, différents milieux de travail, je me suis enfin lancée! En fait, j’ai saisi l’opportunité de démarrer mon entreprise lors d’un séjour d’un an à l’étranger. C’est donc à Paris, avec 6 heures de décalage et plus de 6000 km d’écart que j’ai commencé mes premiers mandats en rédaction à titre de travailleuse autonome. J’ai eu de la chance, car l’employeur que je quittais (une station de radio de Québec) m’a tout de suite donné des contrats. Je poursuivais aussi le but de créer un jeu de société sur la cuisine et j’avais enfin le temps de m’y consacrer entre mes contrats. Rapidement, je me suis trouvé un éditeur et ce dernier m’a même engagée comme travailleuse autonome sur le développement de ces autres collections. Les choses ont ensuite déboulé rapidement!

1. Quelles sont les principales difficultés que as-tu rencontrées comme rédactrice, mais aussi comme auteure?

Comme auteure, la principale difficulté est bien sûr la motivation et l’investissement dans un projet, car on a beau avoir des millions d’idées et une plume originale, on ne sait jamais à l’avance si ce qu’on est en train d’écrire se concrétisera un jour en roman, en pièce ou en jeu. Rien n’est garanti. On ne le sait qu’une fois l’œuvre achevée et envoyée à des éditeurs et producteurs. Ça peut être découragent d’investir autant de temps dans un projet, sans avoir de garanties et en se disant: j’aurais pu passer tout ce temps sur des contrats rentables. Mais ça prend une dose d’équilibre. J’ai besoin de plusieurs formes d’écriture pour me sentir complète et le laisser-aller que comportent mes œuvres écrites est vital pour moi. Je décide donc de prendre un projet créatif à la fois et je m’octroie des périodes pour y travailler, je me planifie par exemple des retraites d’écriture de quelques jours, c’est plus facile ainsi. Comme rédactrice, il faut dire que la compétition est féroce, nous sommes nombreux! Il faut se démarquer, se spécialiser et surtout se bâtir une clientèle fidèle qui aime notre travail, notre style et qui ne cherche pas seulement « un prix ».

2. Est-ce qu’il y a des choses que tu aurais désiré savoir en début de carrière?

Pas vraiment, car comme avec un peu tout dans la vie, on apprend en faisant des erreurs et je suis heureuse du chemin parcouru et de l’endroit ou il m’a mené.

3. Est-ce qu’il y a certains trucs ou habitudes qui t’aident à faire ton travail?

Oui, bien sûr! Point de vue pratico-pratique, j’ai mon Trello ouvert chaque jour et j’y consigne tout ce que j’ai à faire! J’ai des tableaux pour tout: mes idées d’articles, mes projets à remettre, mes suivis, c’est vraiment pratique et ça m’aide à être organisée. En plus, depuis que j’utilise cet outil, j’ai grandement réduit mon budget de Post-it !!!

Aussi, quand je sens que je n’avance plus, je sors prendre l’air une demi-heure. J’essaie d’aller faire une marche dans un sentier. Le contact avec la nature me redonne instantanément de l’énergie et on dirait que toutes les idées se replacent par elles-mêmes. Quand je reviens, je suis toujours beaucoup plus productive. C’est important pour moi aussi de me sentir bien quand je travaille, d’avoir un environnement lumineux. Aussi, j’ai mon espace dédié au travail à la maison, tout y est rassemblé, je ne veux pas m’éparpiller un peu partout. Comme j’ai dû déménager récemment en appartement suite à une séparation, je me suis retrouvée sans pièce distincte pour travailler. Toutefois, je me suis dotée d’un lit escamotable qui me permet de sentir réellement dans mon bureau le jour et dans ma chambre le soir, même si c’est la même pièce. De plus, quand je dois vraiment me concentrer et que j’ai délais serrés, je travaille de la maison. Mais quand je travaille sur des projets qui demandent plus de créativité, j’aime aller travailler dans un café pour m’inspirer de l’atmosphère, des bribes de conversations que je capte, des gens que je croise, etc.

4. Est-ce que tu as quelques livres ou ressources que tu recommanderais à d’autres rédacteurs ou aux gens voulant devenir auteurs?

Oui, le livre « Le métier de journaliste » de Pierre Sormany est un incontournable. On y apprend tout ce qu’il faut savoir pour la recherche et la rédaction d’articles. Côté auteur, j’ai beaucoup aimé « Écrire pour le petit écran » de Guy Fournier. Je n’ai pas encore concrétisé ce rêve d’écrire pour la télévision, mais cette structure me fascine et ça m’aide beaucoup pour différents genres aussi. Sinon le blogue du Pigeon Décoiffé donne aussi une foule de conseils pour l’écriture de romans.

5. Si tu avais un seul conseil à donner pour aider un pigiste à trouver des contrats, quel serait-il?

Oser! Parfois, on a peur de déranger, mais c’est cette peur qui nous fait parfois passer à côté d’un beau contrat. La patience aussi et la persévérance! Parfois, on sème de petits graines et on ne récolte les fruits que beaucoup plus tard. Il ne faut pas se décourager devant les refus, car même si cette personne n’avait pas besoin de vos services maintenant, elle sait maintenant que vous existez!

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