Entrevue de travailleur autonome : Justine Mathieu, rédactrice pigiste et réviseure linguistique

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Chaque mois, nous choisissons un membre PRO qui s’illustre dans son domaine par la qualité de son travail. Ce mois-ci nous avons choisi Justine Mathieu, rédactrice et réviseure linguistique (qui est aussi collaboratrice au blog de Pige Québec). Voici donc une courte entrevue en cinq questions qu’elle nous a accordée.

Quelles sont les principales difficultés que tu as rencontrées comme rédactrice-réviseure linguistique?

Je répondrais à cette question en utilisant le présent. Bien que cela fasse maintenant 4 ans que j’exerce mon métier de rédactrice-réviseure, je continue à rencontrer quelques difficultés dont les plus récurrentes sont la promotion de ma personne et la sollicitation de clients. De nature discrète, je n’ai jamais aimé ni me vendre ni argumenter, même si je reste convaincue de la nécessité de mes services dans la sphère publique. Nombreux sont ceux, entrepreneurs et particuliers, qui se sentent offusqués par mes offres de service spontanées prétextant qu’ils savent écrire. Pourtant, rien n’est plus agressant pour l’œil que de lire une phrase mal écrite. Rien n’est plus frustrant de rédiger un message qui, en fin de compte, sera mal compris. J’ai toujours été plus à l’aise de voir un client revenir vers moi plutôt que moi aller vers lui. C’est la preuve qu’il a été satisfait de mon travail.

Également, au cours de l’année, certaines périodes plus calmes que d’autres sont propices à une relance de clients. Ce réflexe d’entrepreneur représente un défi pour moi qui crains toujours de déranger la personne.

Est-ce qu’il y a des choses que tu aurais désiré savoir en début de carrière?

Comme je l’ai mentionné, argumenter, négocier n’est pas ma tasse de thé. Or, de nos jours, dans le secteur des services, les clients exigent la qualité au prix le plus bas. Résultat des courses, lorsque j’ai commencé, je finissais toujours par réduire mes tarifs, voire facturer deux fois moins d’heures que je n’avais en réalité consacrées au projet. Brader ses tarifs n’attire pas davantage de clients. Pire, il conduit à dévaloriser notre profession. Je l’ai appris à mes dépens. Avec le temps, j’ai développé des stratégies argumentatives afin de prouver la pertinence de mes honoraires, mais il y en a toujours qui tentent de grappiller un dollar par-ci, une heure par-là.

Hormis une formation générale, pour acquérir les connaissances et les compétences indispensables au métier de rédacteur-réviseur, il n’y a rien de plus enrichissant que d’entretenir des relations avec des professionnels de notre domaine. Nous bénéficions ainsi de leur expérience en leur posant toutes les questions qui nous taraudent. Malheureusement, c’est là que le bât blesse. Dans le domaine de la rédaction-révision, entre autres, la compétition peut être rude (cela dépend des compétences de chacun), et je me suis heurtée plus d’une fois à l’arrogance d’homologues qui ne voulaient pas me laisser la chance de faire ma place. J’ai heureusement eu le privilège de rencontrer deux experts de mon domaine qui continuent à me soutenir dans mes projets, et ce, depuis mes débuts.

Est-ce qu’il y a certains trucs ou habitudes qui t’aident à faire ton travail?

Impossible pour moi d’être opérationnelle sans un bon petit déjeuner. Le matin est la période de la journée durant laquelle ma productivité est la plus élevée. Pour ma concentration, j’ai besoin d’un calme olympien, mis à part le chant des oiseaux qui bercent mon inspiration. C’est pourquoi, après plusieurs heures passée devant mon ordinateur ou penchée sur mes feuilles de brouillon, une marche dans la nature pour dégourdir mes muscles et aérer mon esprit facilite le changement de mes idées.

Ce qui m’aide également dans mes passages à l’action est le soutien indéfectible de ma famille et de mes amis. Le sentiment de savoir que je pourrais toujours compter sur eux représente pour moi un tremplin dans toutes mes prises de décision.

Pour finir, et ça je crois que cela s’applique à tous les pigistes, quelles que soient leurs activités, la réception de paiement (dans les temps) marqué d’un bonhomme sourire et de commentaires positifs vient égayer ma journée.

Est-ce que tu as quelques livres ou ressources que tu recommanderais à d’autres rédacteurs ou réviseurs linguistiques?

Au fil de ma formation et des conseils de mon mentor, je me suis bien sûr constitué une bibliothèque de tous les ouvrages de référence (version imprimée et numérique) indispensables au rédacteur-réviseur. Parmi ceux-ci, le livre de Ginette Lachance intitulé « La révision linguistique en français » est de loin celui qui a conforté mon idée d’avoir choisi ce métier.

Par ailleurs, en tant que rédactrice-réviseure, mon inspiration provient des lectures dont je m’abreuve aussi souvent que possible. Pour varier les styles, le vocabulaire, tous les genres sont permis : romans, documentaires, albums jeunesse et même bandes dessinées.

Si tu avais un seul conseil à donner pour aider un consultant ou un pigiste à trouver des contrats, quel serait-il?

À cette étape de ma carrière, je ne peux pas encore me permettre de donner des conseils, car j’ai encore moi-même beaucoup à apprendre. J’essaie de ne pas m’arrêter aux portes qui se ferment sous mon nez. Et avec philosophie, je me dis que si la personne n’a pas souhaité me considérer, c’est qu’elle ne me méritait pas.

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